Réunion du jury à Paris, le 11 septembre 2014

au Bruschet Café,

20 place Dauphine, 75001 Paris

 


Cette année, le prix Falcone s’inscrit dans une actualité aigüe.  D’une part, on assiste à une amplification des attaques des organisations criminelles internationales, transfrontalières, via les réseaux du Net.  La cybercriminalité prend sans cesse des visages changeants, mobiles et innovants, profitant à un vaste blanchiment d’argent, et à la traite de vingt à quarante millions de personnes dans le monde. D’autre part, les liens entre ces organisations criminelles se complexifient sur fond de terrorisme fanatique et barbare, alimentant une flambée du racisme et de l’antisémitisme au moment où la France traverse une crise économique et sociale profonde.

Dans ce contexte mondial menaçant pour la démocratie, le jury du Prix Falcone a souhaité récompenser des personnalités et organisations qui mènent une réflexion hors sentiers battus, ou au contraire une action de terrain courageuse au prix de leur sécurité personnelle. Enfin, certains lauréats sont à la fois investis dans la réflexion et l’action. Tous se battent pour la défense de nos démocraties en danger.

Un coup de projecteur est donné sur les actions citoyennes menées au quotidien par les acteurs de la société italienne, qui militent pour la confiscation des biens acquis par les organisations criminelles et leur redistribution à des organisations civiles culturelles ou sociales. A travers la mise en œuvre de cette conviction courageuse, ces acteurs sociaux issus de la société civile font de l’Italie un exemple vivifiant de défense de la démocratie.

Le prix Falcone de 2014 met l’accent sur la nécessité d’agir  de façon synergique au niveau de toutes les instances de nos sociétés, qui n’ont que trop tendance à morceler leur approche du problème, ce morcellement profitant aux organisations mafieuses  et terroristes. Informer, sensibiliser, légiférer, agir au niveau juridique ou sur le terrain, confisquer les biens mal acquis et les redistribuer au collectif, reconstruire une pensée innovante de la légalité démocratique, tisser de nouvelles relations entre les acteurs de nos sociétés, s’ouvrir à l’impensé sont les armes que les nominés de cette année ont choisi d’utiliser pour lutter contre les organisations criminelles qui affaiblissent  nos Etats de droit.

Stop à la banalisation générale de comportements dangereux face à Internet. 

 

 


·         La réunion du jury : Un échange fructueux pendant 1 heure et demie.

 

     
    

                

 

 

Six prix ont été attribués (trois prix exæquo)  tant il est urgent de montrer la nécessité d’informer, éduquer, responsabiliser pour que vive la légalité démocratique.


  

Les lauréats de 2014

 

 


§  Prix Falcone pour la justice exæquo

 

ü Mme Sonia ALFANO

présidente de la commission spéciale du Parlement européen qui a fait de la lutte contre la criminalité organisée, la corruption et le blanchiment d’argent, un objectif dans la durée. La commission a proposé un plan d’action concret. Sonia Alfano est une femme politique italienne, députée européenne sortante, dont le père journaliste a été assassiné par la mafia lorsqu’elle avait 21 ans. Ce prix honore le parcours d’une femme qui a su transformer une tragédie personnelle en responsabilité civile et qui lutte afin que le crime organisé soit sanctionné juridiquement dans toute l’Europe, pas seulement en Italie. Enfin, à travers ce prix décerné à sa fille, nous honorons également la mémoire de son père.


ü M. Jean-François GAYRAUD

commissaire divisionnaire de la Police nationale, expert reconnu de la criminalité organisée, spécialiste des mécanismes du blanchiment d’argent. Il est l’auteur de nombreux essais qui ont tous pour point commun le fait d’explorer de nouveaux horizons criminels dans une volonté d’innovation. Nous pouvons saluer en Jean-François GAYRAUD l’initiateur d’une « géopolitique et d’une géo-économie du crime ». Or lutter aujourd’hui contre les organisations criminelles demande de faire preuve d’innovation dans l’approche de systèmes complexes en constante évolution.

 

 

§  Prix Falcone pour la démocratie exæquo

 

ü La Caravane anti-mafia, du réseau ARCI en Italie

(réseau associatif de promotion sociale et culturelle), représenté par son dirigeant, avocat, Alessandro COBIANCHI. Depuis vingt ans, la caravane antimafia sillonne inlassablement l’Italie, et l’Europe afin de défendre la solidarité envers ceux qui travaillent pour la légalité démocratique et la justice sociale, mais aussi afin de promouvoir des projets concrets (rencontre des familles de victimes, participation aux travaux sur la légalité des biens confisqués). Le 30 mars dernier, la caravane est partie symboliquement de Tunis, au moment du Forum Social Mondial. Elle traversera les villes françaises de Marseille, Nice, Toulon, Nîmes et Bastia dès novembre prochain. C’est l’ occasion de saluer le formidable travail du réseau ARCI, (équivalent de notre Ligue de l’Enseignement), et de créer de nouveaux liens constructifs en France. La caravane antimafia n’a de cesse de créer des possibilités de relations entre des personnes et des réseaux communautaires. Elle met l’accent sur les lieux de diffusion. A travers sa pérégrination, elle éclaire la problématique des organisations criminelles en Europe, au-delà de nos perceptions stéréotypées de l’Italie. Informer, expliquer, dialoguer, donner le courage d’agir, agir sur les lieux mêmes où sévit la mafia, élargir la prise de conscience à un niveau européen est un travail de longue haleine qui mobilise les très nombreux acteurs sociaux de la Caravane antimafia.

ü Le centre d’études sociales contre les mafias – association PROGRETTO SAN FRANCESCO

La caravane antimafia du réseau ARCI en Italie est un réseau citoyen laïc. Or si  le jury adhère pleinement aux valeurs républicaines de la laïcité, il convient de souligner que la laïcité n’exclut pas la participation des organisations religieuses au processus de cohésion social et civil dans la société. C’est pourquoi, le jury a attribué le prix Falcone exæquo pour la démocratie aux pères franciscains de l’association Progretto San Francesco, en Italie. En effet, cette association  mène une action remarquable sur le terrain, avec la volonté de tisser des « alliances nouvelles et sûres », développant des actions en collaboration étroite avec tous les acteurs sociaux, (syndicats, police, bureaux du gouvernement, entreprises).  L’association PROGRETTO SAN FRANCESCO se rattache expressément aux valeurs laïques de la vocation sociale avec l’objectif  de construire un droit social fondé sur le respect de la loi et le dialogue. Ayant fait vœu de pauvreté, donc a priori inaccessibles à la corruption, les pères franciscains mènent des actions courageuses sur les lieux confisqués à la mafia et réattribués à des actions sociales où la formation à l’emploi joue un rôle essentiel.

 

§  Prix Falcone pour les droits de l’Homme exæquo

 

ü Fabrice RIZZOLI

politologue, chercheur et enseignant français, spécialiste des organisations criminelles et mafieuses, représentant du Réseau FLARE en France (Freedom, Legality and Rights in Europe). Notre Monsieur mafia national anime au quotidien le site mafia.fr où il analyse les ressorts complexes des organisations criminelles.  A partir de son analyse de la structure et des codes de la mafia italienne, il a largement démontré les liens des relations politico-mafieuses avec l’économie mondiale. Ces relations sont devenues des phénomènes structurels et systémiques de la mondialisation, la finance se situant au-dessus des lois. Fabrice Rizzoli milite activement pour la confiscation des biens mal acquis au bénéfice de la communauté, convaincu que la corruption doit être combattue par la reconstruction d’une pensée collective et des pratiques sociales justes.


- Tariq OUBROU

Recteur de la mosquée de Bordeaux pour son action au sein de la communauté musulmane, fervent défenseur d’un Islam des Lumières qu’il considère comme l’antidote à l’instrumentalisation de la religion au service du terrorisme, des actes illégaux ou mafieux et de la violence dans la Cité. Il exhorte sa communauté à rejeter l’antisémitisme et les sirènes du Djihad actionnées par Daesh. Tariq OUBROU défend le dialogue inter-religieux avec les Juifs et les Chrétiens. Il s’est longtemps  investi dans des associations prônant sa conviction que les Musulmans doivent occuper les espaces citoyens avec les autres composantes de la société sans pour autant perdre leur âme. La philosophie de son action résonne fortement dans le climat social national et international actuel. Elle véhicule des messages de tolérance qui participent également de la reconstruction d’une pensée collective et de pratiques sociales ancrées dans la légalité démocratique. Ainsi contribue-t-elle à lutter dans la vie sociale contre les organisations criminelles qui gangrènent nos Etats de droit.

 

 

 

Les lauréats ont été annoncés lors d’une soirée-débat organisée avec l’Ordre des avocats de Paris, Défense & Stratégie, et le Cyber Club, à la Maison du Barreau

                                               


Soirée-débat à la Maison du Barreau

2 Rue de Harlay - 75001 Paris.

« Organisations criminelles internationales et Etats de droit :

Comment les Etats-Nations se mobilisent-ils pour lutter contre les organisations criminelles internationales ?

Quelles réponses juridiques à l’un des principaux enjeux du XXIème siècle ? »

                                                                                                                                             

Jeudi 11 septembre 2014

20H00 – 20H30 : Accueil

20H30 – 22H30 Soirée-débat dans le grand auditorium

Myriam Quéméner, avocat général à la Cour d’Appel de Versailles, et Karim Baïla, Grand reporter de guerre agence Capa, (France 2 Envoyé spécial, Canal +), lauréats du Prix Falcone 2013, remis par la Ville de Strasbourg et le Conseil de l’Europe dans le cadre du Forum Mondial de la Démocratie le 28 Novembre 2013, participeront à un débat avec Christiane Feral-Schuhl, avocat, ancien Bâtonnier de Paris, Yves Charpenel, 1er avocat général  près la  Cour de cassation, et Laurent Hincker, avocat, co-fondateur du Prix Giovanni Falcone.

·         Ouverture de la soirée : annonce du Prix Giovanni Falcone 2014

·         Christiane Feral-Schuhl   : Etat de droit et juridiction internationale, bilan et perspective

·         Karim Baila, Grand reporter : enquêtes en immersion sur la mafia (drogue, traite des femmes et embrigadement de la jeunesse)

·         Myriam Quéméner : Le trafic d’êtres humains à l’ère du numérique

·         Yves Charpenel   : La coordination internationale dans la lutte contre les organisations criminelles          

·         Laurent Hincker : L’approche de la Cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg          

 

 

 

 

 

Deux cents personnes ont répondu à l’invitation. Beaucoup de questions, un témoignage fort dans le public. Les interventions juridiques ont été appuyées par les extraits vidéo des enquêtes du Grand reporter de guerre, Karim Baila.

 

La soirée s’est terminée au Caveau du Palais, Place Dauphine, nouveau partenaire du Prix Falcone

 

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